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Le chant de Riopelle
METTANT EN VEDETTE
Le Quatuor Andara
et
Maryse Chevrette, historienne de l’art
Dimanche 19 février 2023 à 14H00
Au Centre culturel Desjardins
20 Rue Saint-Charles-Borromée S, Joliette
Le chant de Riopelle
Les thèmes et leur programme
Refus global et rêve de liberté
SubwayThoughts 6 1/2 min.
Eldon Davis RATHBURN. (1916-2008)
L’exil et les éclatantes mosaïques
Dark Energy 9 min.
Kelly Marie Murphy. (1964-)
Retour au pays et l’appel de la nature
Quatuor en fa majeur, 1er mouv. 8 1/2 min.
Maurice Ravel (1875-1937)
Les Nords de Riopelle
1er Quatuor, 3ième mouv. 12 min.
Benjamin Britten (1913-1976)
Le vol des oies sauvages. L’Hommage à ROSA LUXEMBURG
Quatuor no 15, 3ième mouv. 18 min.
Ludwig van Beethoven (1770-1827)
Biographies des artistes
CRÉDIT PHOTO CHRISTIAN ROULEAU
Maryse Chevrette, Artiste et historienne de l’art
Formée en arts visuels et en histoire de l’art, Maryse Chevrette est professeure en atelier privé de 1975 à 2017.
Commissaire d’exposition, guide culturelle et conférencière au pays et à l’étranger, elle enseigne l’histoire de l’art dans de nombreuses antennes régionales de l’Université de Sherbrooke. Son enseignement parcourt l’ensemble du corpus de l’art occidental privilégiant une mise en contexte socio-historique de l’oeuvre et de l’artiste. Régulièrement invitée à titre de conférencière par le Musée d’art de Joliette, elle collabore également aux programmes éducatifs de plusieurs organismes et associations culturelles. Depuis le début de la pandémie, elle offre, en visioconférences, une programmation inédite de cours et de conférences à un vaste auditoire.
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De 2014 à 2019, en collaboration avec Madame Lucie Roy, mezzo- soprano et directrice artistique de l’Ensemble vocal Modulation et du Chœur Massenet ainsi qu’avec le Trio Hochelaga, Maryse Chevrette a participé à la création de plusieurs évènements qui liaient la musique et les arts visuels.
Invitée par Mme Lucie Bazinet à la direction artistique de la Société musicale Fernand-Lindsay Opus 130, elle signe le scénario thématique, les textes et la narration de cet événement original qui propose une rencontre entre l’œuvre de Jean Paul Riopelle et la musique choisie et interprétée par le Quatuor Andara.
« Comprendre l'âme d'une œuvre, c'est s'imprégner de l'artiste ».
Maryse Chevrette
CRÉDIT PHOTO MARIE-CLAUDE BEAUDOUIN
Le QUATUOR ANDARA
C’est en septembre 2014, autour du Quatuor à cordes en fa majeur de Maurice Ravel, que les membres du Quatuor Andara se réunissent pour la première fois au Conservatoire de musique de Montréal, sous la tutelle de Denis Brott. Depuis, leur passion, leur dynamisme, la qualité de leur jeu et leur répertoire unique en son genre leur ont attiré les louanges de la critique partout au Canada et sur la scène internationale.
Ensemble en résidence junior de l'Université de Montréal de 2021 à 2023, le Quatuor Andara a été un ensemble en résidence du Banff Centre for Arts and Creativity et l’ensemble pour la résidence en développement de carrière de l’Ottawa International Chamber Music Festival en 2019.Lauréats de plusieurs premiers prix à des concours nationaux entre 2015 et 2019, les membres du quatuor ont participé à la toute première édition du Strijkkwartet Biennale Amsterdam où ils ont entre autres joué pour des membres du Emerson Quartet, du Cuarteto Quiroga, du Signum Quartet et du Quatuor Danel. De nombreux autres stages internationaux de haut niveau leur ont permis de travailler avec des musiciens tels que Günter Pichler, Mathieu Herzog et le Talich String Quartet à l’édition 2018 de MISQA, le St. Lawrence String Quartet à Stanford (CA) aux étés 2018 et 2017, Johannes Meissl et le Shanghai Quartet au Festival Pablo Casals en France en 2017 ainsi que Barry Shiffman et Mark Steinberg au Banff Chamber Music Residency en 2016. Le groupe a lancé son premier album autoproduit "À travers les Amériques" à l'été 2021. À l'automne 2022, le Quatuor Andara lance son deuxième album intitulé "De mille feux" avec le label Leaf Music.
MARIE-CLAIRE VAILLANCOURT, violon
Native de Drummondville, Marie-Claire est diplômée du Conservatoire de musique de Montréal. Elle y a fait ses études auprès de Johanne Arel, et y a obtenu une maîtrise en interprétation honorée d’un Prix avec Grande distinction en 2018. De nombreux stages et masterclasses lui ont permis de travailler avec des maîtres tels Pierre Amoyal, Leonidas Kavakos, Vadim Repin, Pinchas Zukerman, David Lefèvre et Raymond Dessaints.
Lauréate de plusieurs concours, Marie-Claire a eu l’occasion de se produire comme soliste avec plusieurs orchestres dont l’Ensemble Amati, l'Orchestre symphonique de Drummondville, l’orchestre de chambre Appassionata, la Sinfonia de Lanaudière et l’Orchestre symphonique de Longueuil à la Place des Arts de Montréal. Elle a également remporté le concours de concertos de l'Orchestre du Conservatoire à deux reprises, et y a tenu le poste de violon solo plusieurs années consécutives.
Passionnée de musique de chambre, elle a obtenu un Prix avec distinction dans cette discipline lors de son concours du Conservatoire en 2017.
Elle est membre fondatrice du Quatuor Andara depuis septembre 2014, ensemble qui l’a fait voyager tant aux États-Unis qu’en Europe.
Marie-Claire est violon-solo associé de l'Orchestre symphonique de Drummondville depuis 2018 et joue sur un violon Andrea Guarneri de Crémone 1660 ainsi qu'un archet Hill & Sons, le tout gracieusement mis à sa disposition par la compagnie Canimex Inc. de Drummondville (QC), Canada.
JEANNE CÔTÉ, violon
Originaire de Sherbrooke, la jeune violoniste Jeanne Côté se démarque par la sensibilité de son jeu. Elle a obtenu son diplôme de maîtrise de l’Université McGill, dans la classe d’Axel Strauss et est détentrice d’un baccalauréat complété au Conservatoire de musique de Montréal dans la classe de Johanne Arel. Jeanne est lauréate du deuxième prix du Festival concours de musique de Sherbrooke 2019.
Jeanne fait partie des membres fondateurs du Quatuor à cordes Andara. Mis à part sa grande dévotion pour la musique de chambre, Jeanne adore partager sa passion pour la musique à travers l’enseignement. Elle donne actuellement des cours de violon à la Coopérative des professeurs de musique de Montréal, ainsi qu'à l'école Joseph-François-Perrault. Elle fonde en 2020 les Apprentis de la Musique Improvisée (AMI), un organisme à but non lucratif qui organise des ateliers d’improvisation musicale pour les jeunes.
La jeune violoniste a un grand intérêt pour la musique contemporaine et la recherche. Elle collabore entre autres au projet ACTOR (Analysis, Creation, Teaching of Orchestration). Elle s'intéresse à la perception du musicien et au timbre.
La violoniste est appelée à se joindre à quelques orchestres du Québec. Jeanne a fait partie de la tournée en Corée du Sud de l’Orchestre de l’Académie Orford Musique en 2016. Elle fut violon solo de l’Orchestre symphonique et de l’Ensemble de musique contemporaine de lors de ses études à l’Université McGill.
Jeanne joue sur un violon Nicolas Lupot (1809) ainsi qu'un archet Marcel Lapierre (1950), le tout gracieusement mis à sa disposition par la compagnie Canimex Inc. de Drummondville (QC), Canada.
VINCENT DELORME, alto
Originaire de Chambly, Vincent Delorme a complété sa maîtrise au Conservatoire de Musique de Montréal, y recevant les Prix en alto, en musique de chambre, ainsi que la médaille du lieutenant-gouverneur pour son remarquable engagement scolaire et communautaire. Des professeurs tels que Jocelyne Bastien à l’alto, Denis Brott en musique de chambre et Éric Lagacé en jazz sont à la base de ses bouillonnantes inspirations artistiques, qui ont aussi été enrichies de cours ponctuels et classes de maîtres auprès d’altistes internationaux tels qu’Antoine Tamestit, James Dunham et Atar Arad.
Passionné de musique de chambre, Vincent est membre fondateur du quatuor Andara, formation avec laquelle il prend autant part à la scène musicale québécoise qu’à de multiples résidences, séminaires et festivals internationaux, profitant à ces occasions des enseignements de maîtres européens et américains tels que Johannes Meissl, Mathieu Erzog, les membres du Cuartetto Quiroga, du St-Lawrence String Quartet, du Shanghai Quartet et tant d’autres.
Actuellement, Vincent s’investit plus que jamais à la transmission vers tous les publics de la musique, et des messages aussi intemporels que concrets qu’elle contient, à travers divers projets entrepreneuriaux comme le Quatuor Andara, le Jazz Minouches Trio, le cirque social, l’enseignement, la poésie et la composition. Il occupe également des postes dans plusieurs orchestres du Québec, dont celui d’alto solo et conseiller artistique à l'Ensemble Volte.
DOMINIQUE BEAUSÉJOUR-OSTIGUY, violoncelle
Récipiendaire du Prix d’Europe 2018, du Prix Choquette-Symcox 2021 et du Prix Peter Mendell 2017, le violoncelliste Dominique Beauséjour-Ostiguy est classé parmi les « 30 hot Canadian classical musicians under 30 » (CBC Music, 2018). Deux fois récipiendaire du premier prix au Concours de musique du Canada, Dominique se produit comme soliste avec plusieurs orchestres tels que l’Orchestre symphonique de Laval et l’Ensemble Volte. Chambriste recherché et investi, Dominique est membre fondateur du Trio de l’Île et du Quatuor Andara. Il s’est aussi joint au réputé Trio Hochelaga en 2018.
Également compositeur, Dominique obtient en 2020 le 3e prix du concours de composition Domicile Adoré organisé par la Fondation Jeunesses Musicales Canada. Deux de ses compositions ont été jouées par l’Orchestre Symphonique de Laval sous la direction d’Alain Trudel. Il est membre fondateur du duo BOA experience, un projet de musique instrumentale qui présente uniquement des compositions originales.
Dominique est titulaire d’une maîtrise en interprétation de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, sous la tutelle de Yegor Dyachkov. Au cours de sa formation, il suit plusieurs classes de maître, notamment avec Mischa Maisky, Alisa Weilerstein, Jean-Guihen Queyras, Hans Jorgen Jensen, Raphaël Wallfisch, Philippe Muller et Richard Aaron.
Dominique joue sur un violoncelle David Tecchler (1704) ainsi qu'un archet Pierre Simon (v. 1855), le tout gracieusement mis à sa disposition par la compagnie Canimex Inc. de Drummondville (QC), Canada.
Biographies des compositeurs
Eldon Davis RATHBURN naît dans la communauté de Queenstown, dans le comté de Queens au Nouveau-Brunswick, le 21 avril 1916. Il décédera le 30 août 2008 à Ottawa en Ontario.
Enfant, il a appris à jouer du piano avec Eric Rollinson à Saint John, au Nouveau-Brunswick, où il a joué avec Don Messer and His Islanders à la fin de son adolescence. Il étudie la musique à l'Université McGill et remporte une bourse de la Canadian Performing Rights Society pour ses compositions Silhouette (1936) et To A Wandering Cloud (1938). En 1939, il retourna à Saint John, où il travailla comme pianiste d'orchestre de danse, organiste d'église et arrangeur de radio. En 1945, il reçoit un Young Artist Award pour la composition du Los Angeles Philharmonic Orchestra. Sa composition gagnante, "Symphonette", a été interprétée par le L.A. Philharmonic sous la direction d'Alfred Wallenstein le 23 mars 1945. À Los Angeles, il a étudié avec Arnold Schoenberg, qui avait présidé le comité de sélection du Young Artist Award. De 1938 à 1939, il étudie au Toronto Conservatoire de la musique de Toronto avec Healey Willan la composition, Reginald Godden le piano, Charles Peaker l’orgue et Leo Smith l’harmonie.
Connu comme le « doyen des compositeurs de films canadiens », Eldon Rathburn a travaillé comme compositeur à l'Office national du film (ONF) de 1944 à 1976. Il a composé plus de 300 musiques de film tout au long de sa carrière, notamment pour des courts métrages canoniques de l'ONF (City of Gold, Universe), des longs métrages clés en anglais (Nobody Waved Good-bye, Who Has Seen the Wind) et plusieurs films IMAX. Il enseigne également la composition de musiques de films à l'Université d'Ottawa (1972-1976). Membre de la Ligue canadienne des compositeurs et associé du Centre de musique canadienne, il a été fait membre de l'Ordre du Canada en 1998 et a reçu le Prix des arts et du patrimoine de la Ville d'Ottawa en 2000
Il est resté actif pendant sa semi-retraite à Ottawa, composant plus de 30 partitions. Il a écrit la musique de plusieurs films IMAX, dont Beavers (1988), The First Emperor of China (1990), The Last Buffalo (1990) et Momentum (1992), pour l'Expo 92 à Séville, Espagne), ainsi que de plusieurs longs métrages. , comme Who Has Seen the Wind (1977) d'Allan King, Canada's Sweetheart: The Saga of Hal C. Banks (1985) de Donald Brittain et l'hommage de l'ONF, Creative Process: Norman McLaren (1990).
Rathburn a également continué jusqu'à sa mort à écrire de nombreuses œuvres de concert. Toujours intrigué par la musique à thème ferroviaire, il sort un CD chez Crystal Records en 1994 avec, entre autres, « The Rise and Fall of the Steam Railroad », « Six Railroad Preludes », « Two Railoramas » et « Turbo », sa version humoristique du malheureux TurboTrain à grande vitesse Montréal-Toronto.
Il a connu une résurgence en fin de carrière, qui a commencé en 1995 lorsque Julian Armour, alors directeur du Festival international de musique de chambre d'Ottawa (OICMF), a programmé plusieurs des œuvres de Rathburn. L'accueil du public a été si favorable que la musique de Rathburn est devenue un incontournable du festival. Parmi ses œuvres jouées au festival, citons Ottawa Suite (1996, 2001), humoristique et affectueux, Subway Thoughts (1993), Schoenberg vs. Gershwin : A Tennis Match (1991) et Diabolus in Musica (2007). Le 31 juillet 2006, l'OICMF a organisé un concert dédié à la musique de Rathburn en l'honneur de son 90e anniversaire. Le CD Eldon Rathburn: Works est sorti lors de l'événement.
Sujet d'un documentaire de l'ONF en 1995, Eldon Rathburn : They Shoot... He Scores, à la fois autoritaire et perspicace, le film met en lumière l'extraordinaire carrière d'une force créative méconnue dans l'industrie du film et de la musique.
Deux de ses compositions pour vents ont été incluses dans le volume 24 de The Canadian Musical Heritage. Ses partitions sont conservées à Bibliothèque et Archives Canada.
Références croisées : Wikipédia, the Canadian Encyclopedia, Encyclopedia.com, McGill-Queen's University Press.
CRÉDIT PHOTO ALAN DEAN
Kelly-Marie Murphy est née sur une base de l'OTAN à Cagliari en Sardaigne, Italie le 4 septembre 1964 de parents canadiens. Elle a grandi sur des bases des Forces armées canadiennes partout au Canada. Elle a commencé ses études en composition à l'Université de Calgary avec William Jordan et Allan Bell, et a ensuite obtenu un doctorat en composition de l'Université de Leeds, en Angleterre, où elle a étudié avec Philip Wilby.
Sa carrière démarre peu après le début de son doctorat. Elle remporte le concours pour compositeurs de la New Works of Art Calgary Society (1992). The Studio, de Bradford (Angl.), lui commande l'œuvre électroacoustique Escape From Mind and Body (1993). Elle a remporté le premier prix et le prix du public au CBC Young Composer’s Competition en 1994 (catégorie quatuor à cordes) et a reçu 2 mentions honorables au concours New Music Concerts en 1995. La SRC lui commande alors From the Drum Comes a Thundering Beat, la première œuvre orchestrale de Murphy, qui est créée par l'Orchestre symphonique de Winnipeg sous Bramwell Tovey (23 janvier 1996) et qui se classe ensuite cinquième à la Tribune internationale des compositeurs à Paris (1996). Elle se consacre à la composition de musique orchestrale de manière intensive et produit, notamment, This Is the Colour of My Dreams, créée par Shauna Rolston et l'Orchestre symphonique de Toronto (OST) sous Jukka-Pekka Saraste (5 novembre 1997). Elle reçoit les premier et deuxième prix du Maryland Composer's Competition au Loyola College de Baltimore 1998. Utterances, qui est créée par l'Orchestre symphonique d'Edmonton (10 fév. 1999) atteint la troisième place au concours Alexander Zemlinsky (1999). Elle remporte ensuite le premier prix du Concours de composition de l'International Horn Society, 2001, pour son œuvre, Departures and Deviations et en 2003, elle décroche le premier prix pour son concerto pour harpe, And Then At Night I Paint the Stars, dans le cadre du concours des compositeurs du Centara Corporation New Music Festival.
La compositrice écrit aussi pour des ensembles de musique de chambre, notamment des œuvres marquantes pour cordes : Dance Me Through the Panic (1996), interprétée par Rivka Golani et le Quattuor Arthur Leblanc; Give Me Phoenix Wings to Fly (1997), par le Trio Gryphon; Another Little Piece of My Heart (1999) jouée par le quatuor à cordes Alcan et Living Metal, Continuous Poses (2003), par le Quatuor Molinari.
La Dr Murphy a effectué de courtes résidences au Snowbird Institute for the Arts, Utah, avec Joan Tower; Tapestry Music Theatre/Compagnie d'opéra canadienne, Toronto; Festival de musique contemporaine rESound, Edmonton; Festival international de quatuors à cordes Strings of the Future, Ottawa; Soundstreams/Rencontres, Toronto ; et au Banff Centre for the Arts. En 2004, elle a reçu le Distinguished Alumni Award de l'Université de Calgary et, en 2005, le Roger D. Moore Distinguished Visitor in Composition de l'Université de Toronto. Elle a reçu la distinction de mention honorable du prix Barlow 2008 pour la composition. De 2006 à 2008, elle a été compositrice en résidence à l'Orchestre national des jeunes du Canada.
Avec une musique décrite comme « à couper le souffle » (Kitchener-Waterloo Record), « imaginative et expressive » (The National Post), « un barrage palpitant sur les sens » (The Globe and Mail) et « Bartok sous stéroïdes » (Birmingham News), la voix de Kelly-Marie Murphy est bien connue sur la scène musicale canadienne. Elle a créé un certain nombre d'œuvres mémorables pour certains des plus grands interprètes et ensembles du Canada, notamment les orchestres symphoniques de Toronto, de Winnipeg et de Vancouver, le Gryphon Trio, James Campbell, Shauna Rolston, les quatuors à cordes Cecilia et Afiara et Judy Loman.
La musique du Dr Murphy a été interprétée dans le monde entier par des solistes et des ensembles exceptionnels, et a été diffusée à la radio dans plus de 22 pays. Sa musique a été interprétée par des chefs d'orchestre renommés tels que Sir Andrew Davis, David Brophy, Bramwell Tovey et Mario Bernardi. Sa musique a été entendue dans des salles de concert emblématiques, telles que le Carnegie Hall à New York, le Mozarteum à Salzbourg et le National Concert Hall à Dublin.
Après avoir vécu et travaillé pendant de nombreuses années dans la région de Washington D.C. où elle a été désignée « étrangère aux capacités extraordinaires » par le Service d'immigration et de naturalisation des États-Unis, elle est maintenant basée à Ottawa.
Sa musique présente une émotivité qui atteint facilement le public, une orchestration éblouissante et une grande virtuosité. Elle est considérée comme une experte de l'orchestration, et ses œuvres s'inspirent souvent de ses émotions. Bien que certains accusent sa musique de manquer de profondeur, ses morceaux ont tendance à générer beaucoup d'enthousiasme chez les amateurs de concerts de musique contemporaine et d'autres styles de musique. The San Francisco Post dit du style de Murphy « que ses tonalités sont "démodées" mais qu'il est tout de même parfaitement de notre époque » (San Francisco Post, 12 mai 1999).
Kelly-Marie Murphy est membre du Centre de musique canadienne et de la SOCAN.
Références croisées : kellymariemurphy.com, thecanadianencyclopedia.ca
Maurice Ravel est né le 7 mars 1875, dans la maison Estebania, quai de la Nivelle à Ciboure, près de Saint-Jean-de-Luz, dans les Basses-Pyrénées en France.
Son père, Joseph Ravel (1832–1908), d'ascendance suisse et savoyarde, était un ingénieur renommé qui travailla notamment à la construction de lignes de chemin de fer et dans l'industrie automobile et étendit les recherches d'Étienne Lenoir sur les moteurs à explosion. Sa mère, née Marie Delouart (1840–1917), femme au foyer après avoir été modiste, était née à Ciboure d'une famille établie dans ce village depuis au moins le XVIIe siècle. Il avait un frère, Édouard (1878–1960), qui devint ingénieur et avec lequel il garda toute sa vie de forts liens affectifs. Il décèdera le 28 décembre 1937 à Paris.
En mars 1875, la famille s'installe à Paris dans le quartier de Montmartre. Selon sa propre esquisse autobiographique, il commence les études de piano à l'âge de six ans, avec Henry Ghys. Il acquiert ensuite ses premières notions d'harmonie et de contrepoint avec Charles René. Il entre au 1889 au Conservatoire de Paris en piano, et en 1891 dans la classe de Charles de Bériot. Il obtient une première médaille de piano en 1891. Il se lie d'amitié avec Ricardo Viñès, également élève de Charles de Bériot. Ravel et Viñes, à l'époque influencés par Chabrier, travaillent ses Trois valses romantiques et vont les lui jouer. En 1894, il compose la Sérénade grotesque. Par l'intermédiaire de son père, il rencontre Erik Satie au café de la Nouvelle Athènes. Il compose la Ballade de la reine morte d'aimer. Il fréquente Erik Satie, lit Mallarmé, Baudelaire, Poe, Condillac, Villiers de L’Isle-Adam. En 1895, il publie le Menuet antique et la Habanera. En 1897 il entre dans la classe de contrepoint d'André Gédalge et celle de composition de Gabriel Fauré. Le 27 mai 1899 il donne sa première audition publique. Son Ouverture de Shéhérazade est sifflée. Il compose la même année la Pavane pour une infante défunte. En 1901 il se présente pour la première fois au Prix de Rome. Il obtient un Second Grand Prix. Le Premier Prix revient à André Caplet. Seconde tentative en 1902 au Prix de Rome, le premier Prix est attribué à Aymé Kunc. En 1903 le Prix est attribué à Raoul Laparra. En 1904, il renonce à se présenter au Prix de Rome. Il compose Shéhérazade pour chant et orchestre sur des poèmes de son ami Tristan Klingsor, nom de plume de Léon Leclère. En 1905 il se représente au Prix de Rome, mais l'Institut refuse sa candidature. Un des membres de l'Institut déclare : Monsieur Ravel peut bien nous considérer comme des pompiers : il ne nous prendra pas pour des imbéciles... Cela déclenche un scandale. Installé à Levallois-Perret, non loin de l'usine que dirige son frère Édouard, il compose en 1905 Miroirs et la Sonatine pour le piano. En 1906 il séjourne auprès de son père qui, malade se repose au bord du lac Léman. En 1907 il crée à la salle Érard les Histoires Naturelles sur des poèmes de Jules Renard. La création est chahutée. Pierre Lalo parle de musique pour café-concert. Le père, Joseph Ravel, meurt en 1908. En 1911, les Valses nobles et sentimentales sont créées sous les huées. Le 19 mai, après quatre années d'attente, L'heure espagnole est créée à l'Opéra de Paris. Pierre Lalo dans « Le Temps » et Émile Vuillermoz dans la revue de la « Société Internationale de musique » soulignent la raideur et le manque d'humanité de cette œuvre. Le 21 janvier 1912, le ballet tiré de Ma mère l'Oye est créé au Théâtre des Arts. Le 8 juin, le ballet Daphnis et Chloé est créé par les Ballets russes au Théâtre du Châtelet, avec Nijinsky et Karsaviba dans les premiers emplois. L'orchestre est sous la direction de Pierre Monteux. Il rejoint Stravinsky à Clarens, près de Montreux, pour travailler une commande de Diaghilev, la révision de la Khoventchina, un opéra inachevé de Moussorgski, « corrigé » par Rimski Korsakov. À cette occasion il découvre la partition du Pierrot Lunaire de Schönberg et celle du Sacre du printemps qu'il soutient le 29 mai 1913 lors de la création tumultueuse à Paris. En 1914, il compose le Trio en la pour piano, violon et violoncelle durant un séjour à Saint-Jean-de-Luz. À la déclaration de la guerre il tente en vain de se faire incorporer ; il est enfin accepté à l'armée le 14 mars 1916 comme chauffeur de camion. Il est envoyé à Verdun. Victime de la dysenterie, il est opéré et muté au parc automobile de Châlons-sur-Marne. Sa mère décède le 5 janvier 1917. La même année il compose le Tombeau de Couperin, suite dont chaque pièce est dédiée à l'un de ses camarades tombés au front. En 1919 il séjourne à Megève puis en Ardèche chez André Ferdinand Hérold à Lapras (Lamastre). La même année L'Heure Espagnole reçoit un triomphe au Covent Garden de Londres, et à Paris, salle Gaveau, Marguerite Long crée le Tombeau de Couperin. Le 16 janvier 1920, peu après la création de La Valse sous la direction de Camille Chevillard, il est proposé à l'ordre de la Légion d'Honneur qu'il refuse. En le 16 avril 1921 il acquiert « le Belvédère », une petite maison à Montfort l'Amaury. En 1922, il séjourne chez Roland-Manuel et orchestre les Tableaux d'une exposition de Moussorgsky. En 1923 il fait une tournée de concerts à Amsterdam, Venise, Londres. En 1924 il est à Barcelone. En mars 1925, il crée à Monte-Carlo L'enfant et les sortilèges, sur un texte de Colette. La première française à lieu à l'Opéra-Comique de Paris le 1er février 1926. La même année il compose les Chansons de Madécasse. En 1928 il effectue une longue tourné au Canada et aux États-Unis. Le 20 novembre son Boléro est créé à l'Opéra de Paris. En septembre 1929, sa rue natale de Ciboure est baptisée « Quai Maurice Ravel ». Le 27 novembre 1931, le pianiste Paul Wittgenstein (amputé du bras droit) crée le Concerto pour la main gauche à Vienne, et le concerto en sol est créé par Marguerite Long le 14 janvier 1932 à la Salle Pleyel de Paris.
En 1933 il ressent les premiers symptômes d'une maladie neurologique qui paralyse certains de ses mouvements. Il ne peut plus écrire. En 1935, Aidé par Ida Rubinstein, accompagné de son ami Léon Leyritz, il effectue un long voyage en Espagne et au Maroc. Les deux années suivantes il séjourne à Saint-Jean-de-Luz, dans sa maison de Montfort, chez son frère à Levallois ou chez Maurice Delage à Paris.
Une opération chirurgicale est tentée le 19 décembre 1937, il meurt le 28.
Avec son aîné Claude Debussy, Ravel fut la figure la plus influente de la musique française de son époque et le principal représentant du courant dit impressionniste au début du XXe siècle.
Son oeuvre, modeste en quantité (quatre-vingt-six œuvres originales, vingt-cinq œuvres orchestrées ou transcrites), est le fruit d'influences variées s'étendant de Couperin et Rameau jusqu'aux couleurs et ythmes du jazz, dont celle, récurrente, de l'Espagne. Caractérisée par sa grande diversité de genres, la production musicale de Ravel respecte dans son ensemble la tradition classique et s'étale sur une période créatrice de plus de quarante années qui la rendent contemporaine de celles de Fauré, Debussy, Stravinsky, Prokofiev, Bartók ou Gershwin. La grande majorité de ses œuvres a intégré le répertoire de concert. Parmi celles-ci le ballet symphonique Daphnis et Chloé (1909-1912), le Boléro (1928), les deux concertos pour piano et orchestre pour la main gauche (1929-1930) et en sol majeur (1929-1931) et l’orchestration des Tableaux d'une exposition de Moussorgski (1922) sont celles qui ont le plus contribué à sa renommée internationale. Reconnu comme un maître de l’orchestration et un artisan perfectionniste, cet homme à la personnalité complexe ne s'est jamais départi d'une sensibilité et d'une expressivité qui, selon Le Robert, lui firent évoquer dans son œuvre à la fois « les jeux les plus subtils de l’intelligence » et « les épanchements les plus secrets du cœur ».
références croisées : Wikipedia, musicologie.org
Edward Benjamin Britten est né le 22 novembre 1913 à Lowestoft dans le Suffolk, et il est décédé à 63 ans le 4 décembre 1976 à Aldeburgh. Compositeur, chef d'orchestre, altiste et pianiste britannique, il est souvent considéré comme le plus grand compositeur britannique depuis Henry Purcell, en excluant Georg Friedrich Haendel, né allemand puis naturalisé britannique à quarante ans passés.
Ses parents habitaient Lowestoft, un port de pêche d'Est-Anglie et leur maison faisait face à la mer du Nord. Mis à part un bref séjour aux États-Unis et ses différents voyages, il habitera toujours cette région anglaise qui inspirera nombre de ses œuvres.
Son père, chirurgien-dentiste, interdit chez lui la radio et le gramophone de façon à inciter les membres de sa famille à pratiquer la musique. Sa mère, chanteuse et pianiste amateur, lui apprend à en jouer. À cinq ans, il compose sa première pièce musicale. Sa maîtresse d'école lui enseigne également le piano lorsqu'il a huit ans. Les musiciens qui se produisaient dans la région venaient souvent habiter chez les Britten. Dès 11 ans, il étudie l'alto avec Audrey Alston, future dédicataire de la Simple Symphony. À l'âge de 13 ans, Benjamin Britten est envoyé en pension à la Gresham's School de Norfolk. En 1927, il devient l’élève de Frank Bridge pour la composition, dont il avait entendu The Sea en 1924 lors du Festival de musique de Norwich, grâce à Audrey Alston. Il passe toutes ses vacances scolaires chez les Bridge.
À 15 ans, il compose Quatre chansons françaises pour soprano et orchestre sur des poèmes de Victor Hugo et de Paul Verlaine, dédiées à ses parents pour leur 27e anniversaire de mariage, premier cycle de mélodies dans une langue étrangère. En 1929, à 16 ans, il étudie, en obtenant une bourse, au Royal College of Music de Londres. Son opus no 1, la Sinfonietta pour dix instruments, est créée à Londres et semble, malgré son évidente originalité, influencée par Arnold Schönberg — dont il a réclamé en vain l'achat de la partition du Pierrot lunaire par son Collège. Ayant obtenu sa licence en 1932, il veut se rendre à Vienne pour étudier avec Alban Berg, mais la direction du Collège le déconseille à ses parents, en raison de l'influence prétendument néfaste de ce compositeur moderne.
Son premier ouvrage publié — la Simple Symphony — est un succès, et Phantasy, op. no 2, un quatuor pour hautbois et cordes, est créé par Léon Goossens et représente en 1934 l'Angleterre au Festival de Florence organisé par la Société internationale pour la musique contemporaine.
De 1935 à 1939, il est engagé comme compositeur et directeur musical par la Documentary Cinema Company qui dépend de la Poste britannique. En 1936, il y fait la connaissance du poète W. H. Auden qui écrit le scénario de Night Mail (1936), puis collabore avec lui notamment sur le cycle musical Our Hunting Fathers. Pendant un voyage d'Auden aux États-Unis, en 1936, il rencontre le ténor Peter Pears, le futur compagnon de sa vie et partenaire musical, qui aura une grande influence dans sa vie musicale et à qui il dédiera plusieurs œuvres tout au long de sa vie. La création de ses Variations sur un thème de Frank Bridge, op. 10 en 1937 au Festival de Salzbourg marque son premier succès international et son entrée dans le monde musical.
En 1938, il compose la musique de scène de L'Aigle à deux têtes de Jean Cocteau et un concerto pour piano. En avril 1939, peu avant la Seconde Guerre mondiale, accompagné de Peter Pears, il s'exile aux États-Unis jusqu'en 1942. Il y compose Paul Bunyan, une opérette écrite pour les étudiants de l'université Columbia sur un scénario de W. H. Auden, mais également Les Illuminations. À New York, il se lie d'amitié avec des écrivains et des artistes tels que Carson McCullers, Paul Bowles, Jane Bowles, Kurt Weill, Golo Mann ou Salvador Dali. Il y termine le concerto pour violon (1939) et compose la Sinfonia da Requiem, le concerto Diversions, les Sept sonnets de Michel-Ange ainsi que son premier quatuor (ce dernier commandé par Elizabeth Sprague Coolidge). Serge Koussevitzky l'encourage à écrire son premier opéra qui sera Peter Grimes et qui deviendra l'opéra le plus populaire du milieu du xxe siècle (terminé seulement en février 1945 et créé en juin de la même année par le Sadler's Wells Opera).
Après 1942, il retourne au Royaume-Uni où il bénéficie du statut d’objecteur de conscience. Au cours de la traversée en bateau, il compose A Ceremony of Carols. Roger Lalande entreprend de faire découvrir Britten en France. Le Viol de Lucrèce un opéra de chambre où débute Kathleen Ferrier est créé lors du Festival de Glyndebourne en 1946. Il crée l'English Opera Group en 1947 avec l'objectif de la renaissance de l'opéra anglais. En 1948, il crée à Aldeburgh (Suffolk), où il réside, un festival auquel il associe pendant les années 1960 l'English Chamber Orchestra, notamment lors de la création de plusieurs œuvres, telles Le Songe d'une nuit d'été, Owen Wingrave ou Curlew River (« La Rivière aux Courlis »). Britten y invite ses amis, Mstislav Rostropovitch, à qui Britten dédiera une sonate pour violoncelle seul en 1965, et Sviatoslav Richter notamment. Il devient également ami de Dmitri Chostakovitch qui lui dédiera sa 14e Symphonie. De nombreux enregistrements de concerts ont été édités par la BBC, avec Britten à la direction ou en soliste (au piano plus souvent).
En 1953, la Biennale de Venise lui commande un nouvel opéra. Prenant appui sur une nouvelle de Henry James, Le Tour d'écrou, Britten confie à la librettiste Myfanwy Piper un livret tiré de ce texte. La création du Turn of the screw par l’English Opera Group, avec un orchestre réduit à treize musiciens, a lieu le 14 septembre 1954, ne connaît pas d'emblée un grand succès et mettra plusieurs années à s'imposer.
De 1958 à sa mort, il est membre correspondant de l'Académie des arts de la RDA, section musique.
Le 30 mai 1962, à l'occasion de l’inauguration de la nouvelle cathédrale de Coventry, construite à côté des ruines de l'ancienne cathédrale, dévastée par les bombardements de 1940, il compose son War Requiem, dans lequel il exprime « sa terrible angoisse face à cette sorte de génie qu’ont les hommes à s’étriper régulièrement, depuis toujours et sans doute pour toujours ». Comme un complément à cette œuvre, il compose l'année suivante une cantate qu'il intitule Cantata misericordium (« Cantate des miséricordieux »), une œuvre brève qui s'inspire de la parabole du Bon Samaritain, dans l’Évangile selon Luc (Lc 10,25-37).
Il est anobli par la reine en 1973 (baron) et devient Lord of Aldeburgh. Il a été décoré de l'Ordre du Mérite et de l'Ordre des compagnons d'honneur. En 1974, il reçoit le Prix Ernst-von-Siemens.
À l'automne 1975, un an avant sa mort, Benjamin Britten revient une dernière fois au quatuor à cordes, quelque trente années après avoir écrit son précédent opus pour cette formation. Ce troisième et dernier quatuor, dédié à Hans Keller, musicologue anglais d’origine autrichienne. La création publique de cette œuvre par le Quatuor Amadeus a lieu à Snape le 19 décembre 1976, tout juste quinze jours après sa mort.
Les premiers troubles cardiaques se manifestent en 1968, il meurt partiellement paralysé le 4 décembre 1976.
Pacifiste, Benjamin Britten est objecteur de conscience pendant la guerre. C'est notamment grâce aux encouragements du poète W. H. Auden qu'il vit ouvertement son homosexualité; il entretient jusqu'à la fin de sa vie une relation de couple avec le ténor Peter Pears. Tous deux emménagent à Aldeburgh, un village portuaire du Suffolk dont Britten sera fait lord, en 1973, par la reine Élisabeth II. Certaines de ses œuvres, notamment les pièces lyriques, laissent transparaître cette orientation avec « un minimum de déguisement » (à l'époque, l'homosexualité ne s'affichait pas). C'est le cas des opéras Peter Grimes, The Turn of the Screw (Le Tour d'écrou), Billy Budd ou encore de l'opéra testamentaire Death in Venice (Mort à Venise), d'après la nouvelle homonyme de Thomas Mann.
Peter Pears, décédé en 1986, est enterré aux côtés de Britten dans le cimetière d'Aldeburgh. Les deux hommes sont liés dans la postérité au travers de la Britten-Pears School for Advanced Musical Studies (en), du Britten-Pears Orchestra (en) et de la Britten-Pears Fondation. Un astéroïde de la Ceinture d'astéroïdes - le (4079) Britten - a été nommé en hommage au compositeur en 1983.
L'œuvre de Britten est considérable avec une inspiration toute personnelle, à distance des compositeurs de musique atonale qui révolutionnèrent l’époque, préférant rendre hommage aux musiques du Moyen Âge et au bel canto, tout en introduisant de la modernité (gamelan indonésien par exemple). Ses compositions principales concernent essentiellement la musique vocale (notamment pour chorales d'enfants), et surtout l’opéra, dont il écrivit quelques pièces majeures de la seconde partie du XXe siècle, ce qui ne l'empêche pas d'avoir réalisé des œuvres instrumentales ou de la musique de chambre. Son œuvre a été principalement éditée chez Faber Music.
Références croisées : Wikipédia, Musicologie.org
Ludwig van Beethoven est né à Bonn en Rhénanie, Allemagne autour du 16 décembre 1770 dans une famille modeste qui perpétue une tradition musicale depuis au moins deux générations. Son grand-père paternel, Ludwig van Beethoven l’ancien (1712-1773), descendait d’une famille flamande roturière originaire de Malines (la préposition van, « de », dans les patronymes néerlandais n'est pas une particule nobiliaire, contrairement au von allemand, équivalent du « de » français). Homme respecté et bon musicien, il s’est installé à Bonn en 1732 et est devenu maître de chapelle du prince-électeur de Cologne, Clément-Auguste de Bavière. Son père, Johann van Beethoven (1740-1792), est musicien et ténor à la Cour de l’Électeur. Homme médiocre, brutal et alcoolique, il élève ses enfants dans la plus grande rigueur. Sa mère, Maria-Magdalena van Beethoven, née Keverich (1746-1787), est la fille d’un cuisinier de l’Archevêque-Électeur de Trèves. Dépeinte comme effacée, douce et dépressive, elle est aimée de ses enfants. Ludwig est le deuxième de sept enfants, dont trois seulement atteignent l’âge adulte : lui-même, Kaspar-Karl (1774-1815) et Johann (1776-1848).
Il ne faut pas longtemps à Johann van Beethoven père pour détecter le don musical de son fils et réaliser le parti exceptionnel qu’il peut en tirer. Songeant à l’enfant Wolfgang Amadeus Mozart, exhibé en concert à travers toute l’Europe une quinzaine d’années plus tôt, il entreprend dès 1775 l’éducation musicale de Ludwig et, devant ses exceptionnelles dispositions, tente en 1778 de le présenter au piano à travers la Rhénanie, de Bonn à Cologne. Mais là où Leopold Mozart avait su faire preuve d’une subtile pédagogie auprès de son fils, Johann van Beethoven ne semble capable que d’autoritarisme et de brutalité, et cette expérience demeure infructueuse, à l’exception d’une tournée aux Pays-Bas en 1781 où le jeune Beethoven fut apprécié, mais toujours sans les retours financiers qu'espérait son père.
Ludwig quitte l'école à la fin du primaire, à 11 ans. Son éducation générale doit pour beaucoup à la bienveillance de la famille von Breuning (chez qui il passe désormais presque toutes ses journées et parfois quelques nuits) et à son amitié avec le médecin Franz-Gerhard Wegeler, personnes auxquelles il fut attaché toute sa vie. Le jeune Ludwig devient l’élève de Christian Gottlob Neefe (piano, orgue, composition) qui lui transmet le goût de la polyphonie en lui faisant découvrir Le Clavier bien tempéré de Bach. Il compose pour le piano, entre 1782 et 1783, les 9 variations sur une marche de Dressler et les trois Sonatines dites « à l’Électeur » qui marquent symboliquement le début de sa production musicale. Enfant, son teint basané lui vaut le surnom de « l'Espagnol » : cette mélanodermie fait suspecter une hémochromatose à l'origine de sa cirrhose chronique qui se développera à partir de 1821 et sera la cause de sa mort.
Au moment où son père boit de plus en plus et où sa mère est atteinte de tuberculose, Beethoven devient vers 14 ans en 1784 organiste adjoint à la cour du nouvel électeur Max-Franz, qui devient son protecteur. Devenu soutien de famille, en plus de cette charge, il est obligé de multiplier les leçons de piano. Beethoven est remarqué par le comte Ferdinand von Waldstein dont le rôle s’avère déterminant pour le jeune musicien. Il emmène Beethoven une première fois à Vienne en avril 1787, séjour au cours duquel a eu lieu une rencontre furtive avec Wolfgang Amadeus Mozart. À la demande de Mozart, Beethoven lui joua quelque chose que Mozart, le prenant pour un morceau d'apparat appris par cœur, approuva assez froidement. Beethoven, s'en étant aperçu, le pria alors de lui donner un thème sur lequel improviser, et, comme il avait l'habitude de jouer admirablement quand il était excité, inspiré d'ailleurs par la présence du maître pour lequel il professait un respect si grand, il joua de telle façon que Mozart, se glissant dans la pièce voisine où se tenaient quelques amis, leur dit vivement : « Faites attention à celui-là, il fera parler de lui dans le monde ».
En juillet 1787, la mère de Ludwig décède, ce qui le plonge dans le désespoir. Il reste comme famille à Beethoven ses frères Kaspar Karl (13 ans) et Nicolas (11 ans), ainsi que sa sœur Maria Margarita qui décède en novembre, tandis que son père sombre dans l'alcoolisme et la misère. Il sera mis à la retraite en 1789.
En mai 1789, Beethoven, conscient de ses lacunes culturelles, s'inscrit à l'université de Bonn pour y suivre des cours de littérature allemande. En 1791, Beethoven rencontre le pianiste et compositeur Johann Franz Xaver Sterkel, qui influence profondément le jeu de Beethoven au piano et développe son goût pour cet instrument.
En juillet 1792, le comte Waldstein présente le jeune Ludwig à Joseph Haydn qui, revenant d’une tournée en Angleterre, s’était arrêté à Bonn. Impressionné par la lecture d’une cantate composée par Beethoven (celle sur la mort de Joseph II ou celle sur l’avènement de Léopold II) et tout en étant lucide sur les carences de son instruction, Haydn l’invite à faire des études suivies à Vienne sous sa direction. Conscient de l’opportunité que représente, à Vienne, l’enseignement d’un musicien du renom de Haydn, et quasiment privé de ses attaches familiales à Bonn, Beethoven accepte. Le 2 novembre 1792 il quitte les rives du Rhin pour ne jamais y revenir, emportant avec lui cette recommandation de Waldstein : « Cher Beethoven, vous allez à Vienne pour réaliser un souhait depuis longtemps exprimé : le génie de Mozart est encore en deuil et pleure la mort de son disciple. En l’inépuisable Haydn, il trouve un refuge, mais non une occupation ; par lui, il désire encore s’unir à quelqu’un. Par une application incessante, recevez des mains de Haydn l’esprit de Mozart. »
Le père de Beethoven meurt en décembre 1792, plus rien ne rattache alors Beethoven à Bonn.
À la fin du XVIIIe siècle, Vienne est la capitale de la musique occidentale et représente la meilleure chance de réussir pour un musicien désireux de faire carrière. Âgé de vingt-deux ans à son arrivée, Beethoven a déjà beaucoup composé, mais pour ainsi dire rien d’important. Bien qu’il soit arrivé à Vienne moins d’un an après la disparition de Mozart, le mythe du « passage du flambeau » entre les deux artistes est infondé : encore très loin de sa maturité artistique, ce n’est pas comme compositeur, mais comme pianiste virtuose que Beethoven forge sa réputation à Vienne.
Quant à l’enseignement de Haydn, si prestigieux qu’il soit, il s’avère décevant à bien des égards. D’un côté, Beethoven se met rapidement en tête que son maître le jalouse et il niera son influence; de l’autre côté, Haydn ne tarde pas à s’irriter devant l’indiscipline et l’audace musicale de son élève qu'il appelle le « Grand Mogol ». Malgré l’influence profonde et durable de Haydn sur l’œuvre de Beethoven et une estime réciproque plusieurs fois rappelée par ce dernier, le « père de la symphonie » n’a jamais eu avec Beethoven les rapports de profonde amitié qu’il avait eus avec Mozart et qui avaient été à l’origine d’une si féconde émulation.
« Vous avez beaucoup de talent et vous en acquerrez encore plus, énormément plus. Vous avez une abondance inépuisable d’inspiration, vous aurez des pensées que personne n’a encore eues, vous ne sacrifierez jamais votre pensée à une règle tyrannique, mais vous sacrifierez les règles à vos fantaisies ; car vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes. »
— Haydn, vers 1793.
En janvier 1794, après le nouveau départ de Haydn pour Londres, Beethoven poursuit des études épisodiques jusqu’au début de 1795 avec divers autres professeurs, dont le compositeur Johann Schenk, avec qui il devient ami et deux autres témoins de l’époque mozartienne : Johann Georg Albrechtsberger et Antonio Salieri. Son apprentissage terminé, Beethoven se fixe définitivement dans la capitale autrichienne. Ses talents de pianiste et ses dons d’improvisateur le font connaître et apprécier des personnalités mélomanes de l’aristocratie viennoise.
En1796, Beethoven entreprend une tournée de concerts qui le mène de Vienne à Berlin. Si le public loue sa virtuosité et son inspiration au piano, sa fougue lui vaut le scepticisme des critiques des plus conservateurs. Un critique musical du Journal patriotique des États impériaux et royaux rapporte ainsi en octobre 1796 : « Il saisit nos oreilles, non pas nos cœurs ; c’est pourquoi il ne sera jamais pour nous un Mozart. ».
Tandis que son activité créatrice s’intensifie, il participe jusqu’aux environs de 1800 à des joutes musicales dont raffole la société viennoise et qui le consacrent plus grand virtuose de Vienne au détriment de pianistes réputés comme Clementi, Cramer, Gelinek, Hummel et Steibelt.
La fin des années 1790 est aussi l’époque des premiers chefs-d’œuvre. Le Premier Concerto et la Première symphonie sont joués avec un grand succès le 2 avril 1800, date de la première académie de Beethoven (concert que le musicien consacre entièrement à ses œuvres). Conforté par les rentes que lui versent ses protecteurs, Beethoven, dont la renommée grandissante commence à dépasser les frontières de l’Autriche, semble à ce moment de sa vie promis à une carrière de compositeur et d’interprète glorieuse et aisée.
« Son improvisation était on ne peut plus brillante et étonnante ; dans quelque société qu’il se trouvât, il parvenait à produire une telle impression sur chacun de ses auditeurs qu’il arrivait fréquemment que les yeux se mouillaient de larmes, et que plusieurs éclataient en sanglots. Il y avait dans son expression quelque chose de merveilleux, indépendamment de la beauté et de l’originalité de ses idées et de la manière ingénieuse dont il les rendait. »
— Carl Czerny
L’année 1802 marque un premier grand tournant dans la vie du compositeur. Souffrant d'acouphènes, il commence en effet depuis 1796 à prendre conscience d’une surdité qui devait irrémédiablement progresser jusqu’à devenir totale avant 1820. Se contraignant à l’isolement par peur de devoir assumer en public cette terrible vérité, Beethoven gagne dès lors une réputation de misanthrope dont il souffrira en silence jusqu’à la fin de sa vie. Conscient que son infirmité lui interdirait tôt ou tard de se produire comme pianiste et peut-être de composer, il songe un moment au suicide, puis exprime à la fois sa tristesse et sa foi en son art dans une lettre qui nous est restée sous le nom de « Testament de Heiligenstadt », qui ne fut jamais envoyée et retrouvée seulement après sa mort :
« Ô vous, hommes qui pensez que je suis un être haineux, obstiné, misanthrope, ou qui me faites passer pour tel, comme vous êtes injustes ! Vous ignorez la raison secrète de ce qui vous paraît ainsi. […] Songez que depuis six ans je suis frappé d’un mal terrible, que des médecins incompétents ont aggravé. D’année en année, déçu par l’espoir d’une amélioration, […] j’ai dû m’isoler de bonne heure, vivre en solitaire, loin du monde. […] Si jamais vous lisez ceci un jour, alors pensez que vous n’avez pas été justes avec moi, et que le malheureux se console en trouvant quelqu’un qui lui ressemble et qui, malgré tous les obstacles de la Nature, a tout fait cependant pour être admis au rang des artistes et des hommes de valeur. »
— Beethoven, le 6 octobre 1802.
Heureusement, sa vitalité créatrice ne s’en ressent pas mais pour Beethoven une page se tourne. Dès lors sa carrière s’infléchit.
« Je suis peu satisfait de mes travaux jusqu’à présent. À dater d’aujourd’hui, je veux ouvrir un nouveau chemin. »
— Beethoven à Krumpholz, en 1802.
Privé de la possibilité d’exprimer tout son talent et de gagner sa vie en tant qu’interprète, il va se consacrer à la composition avec une grande force de caractère. Au sortir de la crise de 1802 s’annonce l’héroïsme triomphant de la Troisième Symphonie dite « Héroïque ».
Cette symphonie marque une étape capitale dans l’œuvre de Beethoven, non seulement en raison de sa puissance expressive et de sa longueur jusqu’alors inusitée, mais aussi parce qu'elle inaugure une série d’œuvres brillantes, remarquables dans leur durée et dans leur énergie, caractéristiques du style de la période médiane de Beethoven dit « style héroïque ». Le compositeur entend initialement dédier cette symphonie au général Napoléon Bonaparte, Premier consul de la République française en qui il voit le sauveur des idéaux de la Révolution. Mais en apprenant la proclamation de l'Empire français (mai 1804), il entre en fureur et rature férocement la dédicace, remplaçant l’intitulé Buonaparte par la phrase « Grande symphonie Héroïque pour célébrer le souvenir d’un grand homme ». La genèse de la symphonie s’étend de 1802 à 1804 et la création publique, le 7 avril 1805, déchaîne les passions, tous ou presque la jugeant beaucoup trop longue. Beethoven ne s’en soucie guère, déclarant qu’on trouverait cette symphonie très courte quand il en aurait composé une de plus d’une heure, et devant considérer, jusqu’à la composition de la Neuvième, l’Héroïque comme la meilleure de ses symphonies.
Dans l’écriture pianistique aussi, le style évolue : c’est en 1804 la Sonate pour piano no 21 qui frappe ses exécutants par sa grande virtuosité et par les capacités qu’elle exige de la part de l’instrument. D’un moule similaire naît la sombre et grandiose Sonate pour piano no 23 dite Appassionata (1805), qui suit de peu le Triple Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre (1804). En juillet 1805, le compositeur fait la rencontre du compositeur Luigi Cherubini, pour qui il ne cache pas son admiration.
À trente-cinq ans, Beethoven s’attaque au genre dans lequel Mozart s’était le plus illustré : l’opéra mais sa première œuvre donne à son auteur des difficultés imprévues. Mal accueilli au départ (trois représentations seulement en 1805), Beethoven s’estimant victime d’une cabale, Fidelio ne connaît pas moins de trois versions remaniées (1805, 1806 et 1814) et il faut attendre la dernière pour qu’enfin l’opéra reçoive un accueil à sa mesure.
Après 1805, malgré l’échec retentissant de Fidelio, la situation de Beethoven est redevenue favorable. En pleine possession de sa vitalité créatrice, il semble s’accommoder de son audition défaillante et retrouver, pour un temps au moins, une vie sociale satisfaisante. Si l’échec d’une relation intime avec Joséphine von Brunsvik est une nouvelle désillusion sentimentale pour le musicien, les années 1806 à 1808 sont les plus fertiles de sa vie créatrice.
À l’automne de 1806, Beethoven accompagne son mécène le prince Carl Lichnowsky dans son château de Silésie occupée par l’armée napoléonienne depuis Austerlitz et fait à l’occasion de ce séjour la plus éclatante démonstration de sa volonté d’indépendance. Lichnowsky ayant menacé de mettre Beethoven aux arrêts s’il s’obstinait à refuser de jouer du piano pour des officiers français stationnés dans son château, le compositeur quitte son hôte après une violente querelle et lui envoie le billet :
« Prince, ce que vous êtes, vous l’êtes par le hasard de la naissance. Ce que je suis, je le suis par moi. Des princes, il y en a eu et il y en aura encore des milliers. Il n’y a qu’un Beethoven. »
— Beethoven à Lichnowsky, octobre 1806.
S’il se met en difficulté en perdant la rente de son principal mécène, Beethoven est parvenu à s’affirmer comme artiste indépendant et à s’affranchir symboliquement du mécénat aristocratique. Désormais le style héroïque peut atteindre son paroxysme. Donnant suite à son souhait de « saisir le destin à la gorge », exprimé à Wegeler en novembre 1801, Beethoven met en chantier la Cinquième Symphonie. À travers son célèbre motif rythmique de quatre notes précédées d'un silence, exposé dès la première mesure et qui irradie toute l’œuvre, le musicien entend exprimer la lutte de l’homme avec son destin, et son triomphe final. Composée en même temps que la Cinquième, la Symphonie pastorale paraît d’autant plus contrastée. Décrite par Michel Lecompte comme « la plus sereine, la plus détendue, la plus mélodique des neuf symphonies » en même temps que la plus atypique, elle est l’hommage à la nature d’un compositeur profondément amoureux de la campagne, dans laquelle il trouve depuis toujours le calme et la sérénité propices à son inspiration. Véritablement annonciatrice du romantisme en musique, la Pastorale porte en sous-titre cette phrase de Beethoven : « Expression du sentiment plutôt que peinture » et chacun de ses mouvements porte une indication descriptive : la symphonie à programme était née.
Le concert donné par Beethoven le 22 décembre 1808 est sans doute une des plus grandes « académies » de l’histoire avec celle du 7 mai 1824. Y sont joués en première audition la Cinquième Symphonie, la Symphonie pastorale, le Concerto pour piano no 4, la Fantaisie chorale pour piano et orchestre et deux hymnes de la Messe en ut majeur composée pour le prince Esterházy en 1807. Ce fut la dernière apparition de Beethoven comme soliste. Ne parvenant pas à obtenir un poste officiel à Vienne, il avait décidé de quitter la ville et voulait ainsi lui montrer l'ampleur de ce qu'elle perdait. À la suite de ce concert, des mécènes lui assurèrent une rente lui permettant de demeurer dans la capitale. Après la mort de Haydn en mai 1809, bien qu’il lui restât des adversaires déterminés, il ne se trouve plus guère de monde pour contester la place de Beethoven dans le panthéon des musiciens.
En 1809 Beethoven se voit offrir une rente viagère de 4 000 florins annuels s’il reste à Vienne. Il accepte dans le but d’être définitivement à l’abri du besoin. Mais la reprise de la guerre entre l’Autriche et la France remet tout en cause. La famille impériale est contrainte de quitter Vienne occupée, la grave crise économique ruine l’aristocratie et provoque la dévaluation de la monnaie autrichienne. Beethoven aura de la difficulté à se faire payer, sauf par l'archiduc Rodolphe, qui le soutiendra pendant de longues années.
Sur le plan personnel, Beethoven est profondément affecté en 1810 par l’échec d’un projet de mariage avec Therese Malfatti, potentielle dédicataire de la célèbre La Lettre à Élise. La vie sentimentale de Beethoven a suscité d’abondants commentaires de la part de ses biographes. Le compositeur s’éprit à de nombreuses reprises de jolies femmes, le plus souvent mariées, mais jamais ne connut ce bonheur conjugal qu’il appelait de ses vœux et dont il faisait l’apologie dans Fidelio. Ses amitiés amoureuses restèrent d’éphémères expériences. Outre l’échec de ce projet de mariage, l’autre événement majeur de la vie amoureuse du musicien fut la rédaction, en 1812, de la bouleversante Lettre à l’immortelle Bien-aimée dont la dédicataire reste incertaine.
L’été 1812 marque le début d’une longue période de stérilité dans la vie créatrice du musicien. On sait que les années qui suivirent 1812 coïncidèrent avec plusieurs événements dramatiques dans la vie de Beethoven, événements qu’il dut surmonter seul, tous ses amis ou presque ayant quitté Vienne pendant la guerre de 1809, mais rien n’explique entièrement cette rupture après dix années d’une telle fécondité.
Malgré l’accueil très favorable réservé par le public à la Septième symphonie et à la Victoire de Wellington (décembre 1813), Beethoven perd peu à peu les faveurs de Vienne toujours nostalgique de Mozart et acquise à la musique plus légère de Rossini. Le tapage fait autour du Congrès de Vienne, où Beethoven est encensé comme musicien national, ne masque pas longtemps la condescendance grandissante des Viennois à son égard. En outre, le durcissement du régime imposé par Metternich le place dans une situation délicate, la police viennoise étant depuis longtemps au fait des convictions démocratiques et révolutionnaires dont le compositeur se cache de moins en moins.
Sur le plan personnel, l’événement majeur vient de la mort de son frère Kaspar-Karl le 15 novembre 1815. Beethoven, qui lui avait promis de diriger l’éducation de son fils Karl, doit faire face à une interminable série de procès contre sa belle-sœur pour obtenir la tutelle exclusive de son neveu, finalement gagnée en 1820. Malgré toute la bonne volonté et l’attachement du compositeur, ce neveu allait devenir pour lui, et jusqu’à la veille de sa mort, une source inépuisable de tourment. De ces années sombres, où sa surdité devient totale, seuls émergent quelques rares chefs-d’œuvre. Tandis que sa situation matérielle devient de plus en plus préoccupante, Beethoven tombe gravement malade entre 1816 et 1817 et semble une nouvelle fois proche du suicide. Pourtant, sa force morale et sa volonté reprennent encore une fois leurs droits, avec le soutien et l'amitié que lui apporte la factrice de pianos Nannette Streicher. Tourné vers l’introspection et la spiritualité, pressentant l’importance de ce qu’il lui reste à écrire pour « les temps à venir », il trouve la force de surmonter ces épreuves pour entamer une dernière période créatrice qui lui apportera probablement ses plus grandes révélations. Neuf ans avant la création de la Neuvième Symphonie, Beethoven résume en une phrase ce qui va devenir à bien des égards l’œuvre de toute sa vie (1815) « Nous, êtres limités à l’esprit infini, sommes uniquement nés pour la joie et pour la souffrance. Et on pourrait presque dire que les plus éminents s’emparent de la joie en traversant la souffrance. »
Les forces de Beethoven reviennent à la fin de 1817, époque à laquelle il ébauche une nouvelle sonate qu’il destine au piano-forte le plus récent (Hammerklavier en allemand), et qu’il envisage comme la plus vaste de toutes celles qu’il a composées jusque-là. Exploitant jusqu’aux limites les possibilités de l’instrument, durant près de cinquante minutes, la Grande Sonate pour « Hammerklavier » opus 106 laisse indifférents les contemporains de Beethoven qui la jugent injouable et estiment que, désormais, la surdité du musicien lui rend impossible l’appréciation correcte des possibilités sonores. À l’exception de la Neuvième Symphonie, il en est de même pour l’ensemble des dernières œuvres du maître, dont lui-même a conscience qu’elles sont très en avance sur leur temps. Se souciant peu des doléances des interprètes, il déclare à son éditeur en 1819 : « Voilà une sonate qui donnera de la besogne aux pianistes, quand on la jouera dans cinquante ans ». À partir de cette époque, enfermé dans sa surdité, il doit se résoudre à communiquer avec son entourage par l’intermédiaire de cahiers de conversation qui, si une grande partie en a été détruite ou perdue, constituent aujourd’hui un témoignage irremplaçable sur cette dernière période. S'il est avéré qu'il utilisait une baguette en bois entre les dents, appuyée sur la caisse du piano pour sentir les vibrations, l'anecdote des pieds de piano sciés est historiquement moins certaine : le compositeur aurait scié ces pieds afin de pouvoir jouer assis par terre pour percevoir les vibrations des sons transmises par le sol.
Beethoven a toujours été croyant, sans être un pratiquant assidu, mais sa ferveur chrétienne s’accroît notablement au sortir de ces années difficiles, ainsi qu’en témoignent les nombreuses citations de caractère religieux qu’il recopie dans ses cahiers à partir de 1817. Aucune preuve déterminante n’a jamais été apportée aux rumeurs selon lesquelles il aurait appartenu à la franc-maçonnerie.
Au printemps de 1818 lui vient l’idée d’une grande œuvre religieuse mais la colossale Missa solemnis en ré majeur réclame au musicien quatre années de travail opiniâtre (1818-1822) et la messe n’est remise à son dédicataire qu’en 1823. Il déclarera à plusieurs reprises être « sa meilleure œuvre, son plus grand ouvrage ».
La composition de la Neuvième Symphonie débute au lendemain de l’achèvement de la Missa solemnis, mais cette œuvre a une genèse extrêmement complexe dont la compréhension nécessite de remonter à la jeunesse de Beethoven, qui dès avant son départ de Bonn, envisageait de mettre en musique l’Ode à la joie de Schiller. À travers son inoubliable finale où sont introduits des chœurs, innovation dans l’écriture symphonique, la Neuvième symphonie apparaît, dans la lignée de la Cinquième, comme une évocation musicale du triomphe de la joie et de la fraternité sur le désespoir, et prend la dimension d’un message humaniste et universel.
Les cinq derniers Quatuors à cordes (no 12, no 13, no 14, no 15, no 16) mettent le point final à la production musicale de Beethoven. Par leur caractère visionnaire, ils marquent l’aboutissement des recherches de Beethoven dans la musique de chambre. À ces cinq quatuors, composés dans la période 1824-1826, il faut encore ajouter la Grande Fugue en si bémol majeur, opus 133, qui est au départ le mouvement conclusif du Quatuor no 13, mais que Beethoven séparera à la demande de son éditeur. À la fin de l’été 1826, alors qu’il achève son Quatuor no 16, Beethoven projette encore de nombreuses œuvres. Mais le 30 juillet 1826, son neveu Karl fait une tentative de suicide. L’affaire fait scandale, et Beethoven bouleversé part se reposer chez son frère Johann à Gneixendorf dans la région de Krems-sur-le-Danube, en compagnie de son neveu convalescent. C’est là qu’il écrit sa dernière œuvre, un allegro pour remplacer la Grande Fugue comme finale du Quatuor no 13.
De retour à Vienne en décembre 1826, Beethoven contracte une double pneumonie dont il ne peut se relever : les quatre derniers mois de sa vie sont marqués par des douleurs permanentes et une terrible détérioration physique. La cause directe de la mort du musicien reste cependant nébuleuse.
Une autre hypothèse est que Beethoven pourrait aussi avoir été atteint de la maladie osseuse de Paget, selon une autopsie faite à Vienne le 27 mars 1827 par Karl Rokitansky qui évoque une voûte crânienne uniformément dense et épaisse et des nerfs auditifs dégénérés. Le musicien souffrait de déformations compatibles avec la maladie osseuse de Paget ; sa tête semble avoir continué à grandir à l'âge adulte qui fait qu’à la fin de sa vie, il ne rentrait plus dans son chapeau ni dans ses chaussures ; son front est devenu proéminent, sa mâchoire était grande et son menton saillant. Il est possible qu'une compression de certains nerfs crâniens, notamment le nerf auditif ait affecté son ouïe ; c'est l'une des hypothèses rétrospectivement apportées pour expliquer son humeur et sa surdité qui a débuté vers vingt-sept ans et était totale à quarante-quatre ans.
L’explication la plus récente, appuyée sur des analyses de ses cheveux et de fragments osseux, est qu’il aurait souffert toute la fin de sa vie (indépendamment de sa surdité, le compositeur se plaignait régulièrement de douleurs abdominales et de troubles de la vision) d’un saturnisme chronique57 combiné avec une déficience génétique l’empêchant d’éliminer le plomb absorbé par son organisme. L’origine la plus probable de cette intoxication au plomb est la consommation de vin. Beethoven, grand amateur de vin du Rhin et de « vin de Hongrie » bon marché, avait l’habitude de boire dans une coupe en cristal de plomb ces vins « sucrés » à l’époque au sel de plomb.
Jusqu’à la fin, le compositeur reste entouré de ses proches amis, notamment Karl Holz, Anton Schindler et Stephan von Breuning. Quelques semaines avant sa mort, il aurait reçu la visite de Franz Schubert, qu’il ne connaissait pas et regrettait de découvrir si tardivement. C’est à son ami le compositeur Ignaz Moscheles, promoteur de sa musique à Londres, qu’il envoie sa dernière lettre dans laquelle il promet encore aux Anglais de leur composer une nouvelle symphonie pour les remercier de leur soutien. Mais le 26 mars 1827, Ludwig van Beethoven meurt à l’âge de cinquante-six ans. Alors que Vienne ne se souciait plus guère de son sort depuis des mois, ses funérailles, le 29 mars 1827, réunissent un cortège impressionnant de plusieurs milliers d’anonymes. Beethoven repose au cimetière central de Vienne.
« Il sait tout, mais nous ne pouvons pas tout comprendre encore, et il coulera beaucoup d’eau dans le Danube avant que tout ce que cet homme a créé soit universellement compris. »
Schubert, en 1827.
Dernier grand représentant du classicisme viennois (après Gluck, Haydn et Mozart), Beethoven a préparé l’évolution vers le romantisme en musique et influencé la musique occidentale pendant une grande partie du XIXe siècle. Inclassable (« Vous me faites l’impression d’un homme qui a plusieurs têtes, plusieurs cœurs, plusieurs âmes » lui dit Haydn vers 1793), son art s’est exprimé à travers différents genres musicaux, et bien que sa musique symphonique soit la principale source de sa popularité, il a eu un impact également considérable dans l’écriture pianistique et dans la musique de chambre.
Surmontant à force de volonté les épreuves d’une vie marquée par la surdité qui le frappe à l'âge de 27 ans, célébrant dans sa musique le triomphe de l’héroïsme et de la joie quand le destin lui imposait l’isolement et la misère, il sera récompensé post mortem par cette affirmation de Romain Rolland : « Il est bien davantage que le premier des musiciens. Il est la force la plus héroïque de l’art moderne ». Expression d’une inaltérable foi en l’homme et d’un optimisme volontaire, affirmation d’un artiste libre et indépendant, l’œuvre de Beethoven a fait de lui une des figures les plus marquantes de l’histoire de la musique.
De son vivant, Beethoven était déjà un mythe, ce que l'on appellerait aujourd'hui un compositeur « culte ». Traversant les genres artistiques, dépassant les frontières culturelles et géographiques, il devient en même temps le signe d'une tradition et le symbole d'une modernité sans cesse renouvelée.
« La légende finit toujours par avoir raison contre l'histoire, et la création du mythe est la victoire suprême de l'art. »
Emmanuel Buenzod
Références croisées : Wikipédia, Musicologie.org
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